J’ai déjà dit sur ce blog, que je ne vais aucunement m’attarder sur l’actualité politique au Togo et que mon centre d’intérêt se situe dans le changement positif des comportements. Alors, je suis très amusée par certaines choses que j’ai récemment apprises et entendues.
D’une part, cher togolais/ chère togolaise, dis-moi, combien vaux-tu?peux-tu me donner ta valeur vénale? Dix mille, cent mille, des millions en CFA, des milliards de dollars américains? il y a un adage populaire qui dit que l’homme surpasse l’argent.
Quelle est ton opinion? noir, blanc, jamais gris? connais-tu la réponse du normand? c’est soit oui, soit non? jamais oui, mais?
Quel est ton moyen de paiement favori? chèque, virement, Flooz, carte de crédit, Bitcoin…?
D’autre part, penses -tu que tu as le droit de penser ce que tu veux? Es-tu rémunéré pour penser et exprimer ton opinion? On passe une commande de pensée chez toi assez souvent? Es-tu dépositaire des bonnes pensées, de la vérité et du bien?
Trop de questions, qui paraissent bizarres et ambiguës. Mais non; réfléchis. Tu es le plus intelligent, le militant éclairé. Vas-y. Un peu d’effort. Tu as trouvé? Bravo.
Si non, je t’explique. La guerre froide a pris fin depuis mais pourquoi ce manichéisme primaire qui veut qu’on classe les gens systématiquement dans le camp des alignés et de celui des non-alignés; dans celui de Jésus et celui de Satan, dans celui des intègres, et des vendus? le camp des bons et celui des loups?
L’un des plus grands accomplissements de la communauté humaine, réside dans la reconnaissance à chaque être humain, de la liberté de penser. Je pense donc je suis. Affirmait Descartes. C’est profond. Mais pourquoi, au Togo chaque fois que quelqu’un pense pour lui-même et ne suit pas la masse, on le taxe de vendu? de traitre?
La différence entre les humains et les animaux est que nous sommes dynamiques. Nous avons la capacité de nous remettre en cause, de changer de cap. Alors, pourquoi lorsque quelqu’un estime qu’au regard du chemin parcouru sans grand résultat, un changement de donne s’impose, on orchestre activement une campagne de dénigrement cruelle envers sa personne? Ne dit-on pas que seul les imbéciles ne changent pas? Et alors? Ne dit-on pas, qu’on ne change pas l’équipe qui gagne. A contrario, on peut changer l’équipe qui ne gagne pas, on peut explorer et essayer de nouvelles voies.
Quelle est cette aspiration démocratique qui promeut la pensée unique, tue la réflexion, systématise la rumeur et craint tout parfum du changement?
C’est ridicule d’étaler notre ignorance, notre inculture et notre incivisme en nous prenant pour des demi-dieux, experts dans tous les domaines, et de surcroit des prétendus célèbres leaders d’opinion qui passons notre temps à distiller des ramassis de commérage et à nous égosiller sous prétexte d’analyses objectives.
Je le répète. Le premier devoir d’un citoyen responsable sinon de celui qui sait qu’il est un être humain et qui est conscient d’appartenir à la grande famille humaine, c’est de penser pour lui-même. Pensez, pensez encore et encore. Ne laissez pas les autres le faire à votre place. Le fait qu’autrui soit connu sur les médias, porte un certain patronyme, le fait pour lui de se se prévaloir d’un certain passé glorieux, ne signifie pas qu’il répand forcément la vérité. Il faut apprendre à démystifier les médias et la pseudo-notoriété.
Le jeu politique est libre. Laissez les gens exprimer et défendre dans les règles de l’art, leurs visions. Togolais, nous copions les blancs. Ayons donc l’humilité de copier intelligemment. La politique, est un art et même une science. Ce n’est pas aussi simple qu’on l’imagine, ce n’est pas l’amateurisme. Ailleurs, c’est la confrontation des idées, c’est la présentation des programmes, c’est la défense d’une conviction, d’une philosophie, d’une vision et d’un modèle, c’est la beauté et la cohérence du discours, c’est l’invitation à un choix d’avenir . C’est loin, très loin des discours creux et des considérations futiles.
Continuons par nous informer et à nous former et je l’espère, le niveau du débat pourra s’élever un jour. Mais d’ores et déjà, faisons l’effort de ne plus dire que les gens sont manipulés lorsqu’ils s’expriment, ou exercent leur droit de manifester, ne condamnons pas les gens sans procès juste parce qu’ils pensent différemment. C’est leur droit d’embrasser le diable, encore faut-il prouver que l’autre est diable et si c’est le cas, c’est quand même leur choix. Si nous persistons dans ce langage du combien as-tu reçu pour dire et opter pour ceci? ça voudra dire, que nous n’avons depuis notre naissance jamais réfléchi de toute notre vie. Ce qui évidemment est impossible, autrement ce serait un désastre.
Je reviens bientôt à la charge, mais je voudrais partager avec vous cette pensée d’Hélène Châtelet, que j’épouse parfaitement: Il est une chose dont je n’ai jamais su me défaire, ma liberté.