Ma fierté (II)

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Sur un autre registre, j’ai été particulièrement peiné lorsqu’une miss était incapable de donner une seule raison qui la rend fière d’être togolaise. Mais, où sommes-nous?

La formation civique doit redevenir une matière à part entière dans l’enseignement primaire, secondaire et même universitaire. Je voudrais d’ailleurs soulever que malgré la honte infligée par le déroulement de cette compétition, on doit en tant que citoyen responsable se retenir de verser dans des propos inciviques du genre: il faut vendre le pays ou le partager aux pays voisins. Notre pays n’est certainement pas parfait.  Mais il n’est pas pire. Informez-vous un peu. Quand vous voyagez, ayez l’esprit ouvert et lisez au-delà des apparences. Vous saurez que notre pays n’est peut-être pas mieux, mais il n’est pas pire. Nous avons un beau pays. Et il est de notre devoir de le construire et le rendre digne. Alors, pourquoi donc les jeunes togolais à qui on demande de citer des modèles et idoles ont-ils du mal à citer des togolais en exemple? Pourquoi ont-ils du mal à se sentir fiers de leur pays et à identifier des sources de fierté?

Les questions demeurent posées. Je voudrais pour l’heure, souligner qu’on a du mal à valoriser nos propres talents, à reconnaître nos atouts et à les mettre à profit. Au Togo, il y a des gens braves, qui se battent et excellent dans leur domaine mais la nation ne les valorise pas. C’est de notre faute à nous tous. Il y a une sorte de complexe qui nous pousse à nous émouvoir des réalisations des ressortissants d’autres pays et à ignorer le mérite de nos propres concitoyens. Ne nous leurrons pas. Les génies d’ailleurs, que nous connaissons et admirons  sont des célébrités parce que leur propre Etat les érige en héros avant tout.  Les médias de leur pays, chantent leurs exploits parfois avec exagération. Pourquoi nous togolais, peinons tant à saluer dignement nos génies ? Pourquoi ce mépris pour nous-mêmes ? Pourquoi nous activer à minimiser le travail de nos concitoyens ?

Edem Kodjo, l’ancien Secrétaire Général de l’OUA qui a doté ladite organisation de la charte africaine des droits de l’homme et des peuples, n’est-il pas togolais? Toute l’Afrique ne salue-t-elle pas le monument intellectuel qu’il est? Adebayor sheyi qui est le seul nom togolais que certains étrangers connaissent et la seule information qu’ils ont de ce pays n’est-il pas un fils d’ici? Ecobank, la banque panafricaine et Asky ne portent-elles pas l’empreinte de l’entrepreneur togolais exceptionnel, Gervais Djondo? Café Informatique SA, n’était-elle pas une entreprise pionnière dans la sous-région en son temps, née de la vision de son PDG Jean-Marie Noagbodji? Le génie de Feu Paul Ahyi ne dépassait-il pas  largement les frontières de notre pays? L’historien Feu Atsutse Agbogbli n’était-il pas un habitué de l’émission le débat africain sur Rfi, où le mot « togolais » était souvent répété par l’animatrice Madeleine Mukamabano les dimanches? Benjamin Boukpeti le kayakiste a offert au Togo sa première médaille olympique aux JO de Pékin en 2008.  L’inventeur togolais, Jules Minsob Logou,  ne s’est-il pas vu décerné le 2ème Prix de l’innovation technique pour l’Afrique au Nigeria tout récemment pour l’appareil électro-ménager Foufoumix ? Le chef de l’Etat M. Faure Gnassingbe l’a encouragé à cet effet en lui adressant une lettre. Le jeune inventeur togolais Sam kodo, nanti d’un bac littéraire ne participe-t-il pas au salon africain de la robotique et n’est-il pas l’inventeur d’un ordinateur de la taille d’un CD? Aimes-Afrique ne porte-t-elle pas la marque du togolais Dr. Serge Michel kodom ? ……

Nous pouvons citer tant d’autres noms et donner d’autres raisons. Toutefois, je voudrais rendre ici un hommage vibrant aux jeunes du Woelab. Et oui. Grace à eux, notre pays intègre la communauté des pays de l’innovation technologique. Je regrette que nos médias ne leur accordent pas suffisamment d’intérêt. Personnellement, il a fallu que Tech 24 leur tende le micro pour que je sache qu’une initiative aussi salutaire existait au Togo. WoeLab, un collectif qui se définit comme un espace de démocratie technologique tenue par une communauté qui fonctionne sur les principes d’humilité, de partage et du collaboratif, installé à Djidjolé et fondé par Sénamé Koffi; une imprimante 3D venant d’un géographe togolais, du nom de Afaté Gnikou, voilà des sources de grande fierté nationale.

Pourquoi persister dans le négationnisme? Il semble que quand on dit aux marocains vous avez un bon pays, ils répondent, nous avons surtout un beau roi. Croyez-vous qu’ils aiment tous leur roi en réalité?  Une chose est certaine. Ils ont l’amour pour leur royaume. Ils savent que nul ne dira et n’aimera le Maroc sinon, les marocains eux-mêmes. Ils savent qu’ils ont des problèmes certes, mais que le Royaume demeure. Alors, ne nions pas nos frustrations et indignations de toute sorte, mais qu’elles nous stimulent à aimer encore plus la patrie et à œuvrer pour la hisser haut.

 Moi, je suis fier d’être du pays d’Adebayor, du pays qui abrite le siège d’Ecobank et j’en passe. Je suis fier de vous tous togolais célèbres et anonymes qui excellez dans vos domaines de compétence. Je suis fier de vous jeunes du Woelab, qui consentez beaucoup de sacrifice pour montrer aux yeux du monde que le Togo est un petit pays, pauvre,  où internet est toujours un luxe d’une qualité discutable, un pays sans aucune institution de la trempe du Massachusetts Institute of Technology  aux Etats-Unis, mais qu’il n’est pas moins un pays riche de cerveau, d’innovateurs, d’inventeurs, de chercheurs self-made et démocrates qui sont résolument engagés dans le volontariat et le développement de leur communauté.

Bravo pour le premier prix remporté aux Fab Awards à Barcelone en Juillet dernier.

Soyons fiers de nous-mêmes. Soyons fiers de nos compatriotes. Saluons le courage et le mérite de ceux qui se démarquent du lot. Soyons fiers de notre patrie.