Le samedi 30 août, la 20eme édition du concours miss Togo a étalé au grand jour, l’inculture notoire et le niveau médiocre de la plupart des candidates dans la langue de Molière. D’aucuns diront que ce n’est que la tradition qui se perpétue. D’autres encore rétorqueront que les candidates à ce concours sont dignes d’être une risée populaire. Les modestes lanceront simplement que cette 20eme édition en elle-même est une honte nationale.
Que peut-on retenir au-delà du folklore et des ratés?
La majorité des candidates pour user d’euphémisme, avaient divorcé avec le français. C’est vrai. Elles ne sont pas cultivées. On l’a vu. Mais, sont-elles des cas isolés?
Voilà une question difficile.
Les jeunes apprenants togolais ont dans leur majorité un problème avec le français. Il suffit de les entendre massacrer la grammaire, il faut leur demander d’écrire une phrase française pour s’en convaincre, il suffit d’entendre les gens s’exprimer avec difficulté sur nos medias pour comprendre que la gangrène est profonde. Alors il est temps de cesser les insultes et critiques acerbes relativement fondées à l’égard de ces filles et réfléchir à comment appréhender l’avenir. L’école a certes besoin d’être reformée. Néanmoins aux jeunes eux-mêmes, retenez que l’école n’apprend pas tout. Non. Il est de votre devoir de citoyen de faire un travail personnel. Remettez-vous constamment en question. Prenez conscience de vos insuffisances et donnez-vous les moyens d’y remédier. Il n’y a aucun mal à retourner lire Bescherelle, à lire le livre de français du CM2 même si on est ‘un grand’ ou ‘une grande’ en Licence dans une prestigieuse faculté de l’université. Il n’y a aucun mal à apprendre à lire le français en lisant à haute voix chaque soir dans sa chambre afin de s’écouter et de se parfaire. Le mal serait de se ridiculiser en parlant mal, en déchiffrant les mots au lieu de les lire, en écrivant un tissu truffé de fautes. Les autorités ont la responsabilité d’assurer le service public de l’éducation et cette prestation, quel que soit sa qualité, oblige le citoyen à compléter sa formation par son travail personnel et rigoureux.
Aux jeunes toujours, je dis la vie n’est pas que loisir, beauté, maquillage, déhanchement, bijoux, sourire, fête, feuilleton, jeux vidéo, amourette …à l’ère d’internet, à l’ère, où le poste téléviseur et la radio d’occasion ne coûtent plus les yeux de la tête, il est inconcevable que les jeunes de surcroît scolarisés ne s’informent pas. On lit peu en Afrique, cela n’est un secret pour personne. Mais au moins, accordez cinq minutes de votre temps à suivre un journal par jour. Vous en sortirez riches et heureux. La culture dit-on, c’est ce qui reste quand on a tout oublié.
Si vous ignorez l’essentiel du monde qui vous entoure, que vous restera-t-il?